.Il y a eu un jour où, en train de peindre, j’ai enfin respiré. Un jour où j’ai renoncé à la volonté. Je me suis alors abandonné à cette force intérieure qui sait mieux que vous ce que vous voulez ou pouvez faire.
Pendant 10 ou 15 ans, j’ai ramé ! Je voulais faire un beau tableau, je le voyais dans ma tête, j’essayais de le reproduire et, au final, je m’ennuyais. Et puis, ce jour-là, alors que j’écoutais de la musique, j’ai tellement été pris que ma main a travaillé presque toute seule. Je me suis comme réveillé et j’ai vu sur la toile quelque chose qui me dépassait, au point que je me suis dit : « Mais qu’est-ce que j’ai fait là ? » Eh bien, j’avais laissé venir l’inconnu et le mystère des êtres humains, qui s’expriment quand on ne décide pas à l’avance ce qui va être et ne pas être. J’avais laissé venir l’improvisation. C’était moi, mais au-delà de la clarté intelligente de ce que j’étais. C’est ce qu’on peut appeler le mystère, et c’est ce à quoi je m’efforce d’être fidèle, au théâtre, au cinéma et dans la vie.
Michaël Lonsdale
(interviewé par Gérard Milller, 2007)
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